M'en allant dans la foret, l'âme en peine comme jamais, je pensais me ressourcer. Mais un effroyable spectacle s'offrait à moi : tout était dévasté, ravagé, les arbres déracinés, sectionnés, meurtris. La mésange, perchée sur une morte branche pleurait la mort de toute la vie des bois. Quelques bourgeons apparaissaient néanmoins de ci de là, me rappelant que se profile la saison des amours à l'horizon (voilà une chose qui me fuit ô l'amour !). Les plantes poussaient sur les décombres encore frais des arbres centenaires, car ce qui vis se nourri de ce qui est mort.

    Mon coeur, effaré de tous ces malheurs fuyais la foret-tombeau pour des milieux urbains, plus austères encore mais moins attristant pour le citadin que je suis. A vélo que j'étais, je descendis dans la vallée, descente irréelle, longue, si longue que l'on eu dit une descente aux enfers, pareille à ma vie. Une fois tout en bas parvenu, il me fallait remonter ; un effort qui semblait bien au-delà de mes forces. Alors l'on m'offrit une pomme, remplie de vie et au goût agréable. Une fois le fruit par moi engloutit, mon corps fut rempli d'une force nouvelle qui me fit surmonter les obstacles. Mes efforts furent salués par un papillon aux ailes d'or, qui longtemps dans ma douleur planait à mes cotés avec la grâce et la douceur d'un ange.

    Aujourd'hui tout en deuil que je suis, je recherche cette pomme pour nourrir ma vie ; qu'elle me redonne envie de revenir vers les vivants, m'extirpant de l'ombre et de la mort. O toi qui nous as si vite quitté, qui si loin de moi fut envoyée, fait pousser sur cette terre de mal et de désolation ce doux fruit appelé vie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hervé Boniface
14 mars 2000