Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des
chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Que notre sang rie
en nos veines,
Voici s'enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un
ange.
L'azur et l'onde communient.
Je sors. Si un rayon me blesse
Je
succomberai sur la mousse.
Qu'on patiente et qu'on s'ennuie
C'est trop
simple. Fi de mes peines.
je veux que l'été dramatique
Me lie à son char
de fortunes
Que par toi beaucoup, ô Nature,
- Ah moins seul et moins
nul ! - je meure.
Au lieu que les Bergers, c'est drôle,
Meurent à peu près
par le monde.
Je veux bien que les saisons m'usent.
A toi, Nature, je
me rends ;
Et ma faim et toute ma soif.
Et ' s'il te plaît, nourris,
abreuve.
Rien de rien ne m'illusionne;
C'est rire aux parents, qu'au
soleil,
Mais moi je ne veux tiré à rien ;
Et libre soit cette
infortune.
Arthur rimbaud (1854-1891)
recueil: Derniers vers