Pâle Etoile du soir, messagère lointaine,
Dont le
front sort brillant des voiles du couchant,
De ton palais d'azur, au sein du
firmament,
Que regardes-tu dans la plaine ?
Que cherches-tu sur la terre endormie ?
Mais déjà
sur les Monts, je te vois t'abaisser ;
Tu fuis en souriant, mélancolique
amie
Etoile qui descend sur la verte colline,
Et ton tremblant regard
est près de s'effacer.
Triste larme d'argent du manteau de la nuit
Toi
que regarde au loin le pâtre qui chemine,
Tandis que pas à pas son long
troupeau le suit.
Etoile où t'en vas-tu dans cette nuit immense ?
Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?
Où t'en vas-tu si
belle, à l'heure du silence
Tomber comme un perle, au sein profond des eaux
?
Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ma tête
Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,
Avant de nous quitter,
un seul instant arrête :
Etoile de l'amour, ne descends pas des cieux
!
Alfred de MUSSET (1810-1857)
(Recueil : le saule - fragment)